Malgré la beauté de l'évangile de l'Enfant Prodigue (Luc chapitre 15), prenons aujourd'hui pour méditation la première lecture, tirée du livre de l'Exode dans l'Ancien Testament. Ce texte nous raconte l'histoire du Veau d'Or.Vous connaissez la chanson, l'opéra est célèbre : "Le veau d'or est toujours debout"... Benoît XVI, dans sa dernière encyclique, n'a pas oublié de dénoncer les méfaits de l'Argent quand il devient une idole. Cependant, aujourd'hui, en regard de ce texte, je voudrais réfléchir avec vous sur toutes les idoles en général.Vous pourriez dire : cette adoration des animaux sculptés mis à la place du vrai Dieu, c'était bon autrefois. Effectivement les Egyptiens adoraient des animaux et des représentations d'animaux. Certains pensent : à notre époque "moderne", il n'y a plus d'idoles. Il y a bien Johnny, mais enfin, il n'est pas méchant. Il y a sa statue en bois (le veau était en or) qui a monté de 300 à 8000 . La preuve qu'on peut être à la fois moderne et quelque peu naïf.Au fait, l'idolâtrie c'est quoi ? "É-i-do-lonne", ce mot grec qui a donné idole, signifie : "image". Or les Juifs, nos ancêtres dans la foi, Dieu leur avait défendu toute représentation en image ou statue du vrai Dieu. Lors de la prise de Jérusalem, le général romain Pompée pénétrant, à cheval s'il vous plaît, dans le Temple, avait dit : "mais il n'y a rien ici", ce qui voulait dire : il n'y a pas d'idole, pas de statue. Parce que, à Rome, des statues, il y en avait partout, un très grand nombre. De nos jours, on peut se demander si ce n'est pas les médias, et surtout la télévision, qui assurent la promotion d'une certaine idolâtrie. Non pas tellement à cause des vedettes, stars et autres dieux-de-remplacement, mais parce que, un poste de télé, c'est une machine à fabriquer des images, des images qui visent à grignoter la vérité. Ainsi, ce qui passe à la télé, dans l'esprit d'un certain nombre est réputé vrai, tandis que ce qui n'y passe pas, on finit par penser que c'est faux. Jadis il y avait le vrai et le faux, point. Mais maintenant une chose ou une idée, même si elle est fausse, du fait qu'elle passe à la télé, c'est-à-dire transformée en images, devient vraie presque automatiquement, tandis que les réalités qui n'y "passent" pas, même si elles sont vraies, on finit pas penser qu'elles sont fausses. L'image devient donc un substitut de vérité (c'est-à-dire : un produit de remplacement), ce qui est, précisément, l'idolâtrie.Beaucoup, à notre époque, ne veulent plus croire en Dieu, ils ont le genou raide quand il s'agit de se prosterner dans la prière, mais par contre, ils seraient prêts à adorer n'importe quel faux dieu, idole, ou produit de remplacement : "Dior, j'adore".Je ne dis pas que la télévision doive être jetée par la fenêtre, d'ailleurs qui le ferait, surtout s'il a un écran plat ! Par ailleurs, sans doute, la télévision comporte beaucoup d'aspects positifs. Cependant, globalement, ne serait-elle pas comme une machine à générer des idoles, et des idoles encore bien plus redoutables que ce brave veau d'or, que Aaron avait fabriqué en "piquant" les bijoux et colifichets des femmes, qu'elles-mêmes d'ailleurs avaient "piqués" aux Egyptiennes lors de la sortie d'Egypte...Conclusion.Je disais en commençant que je ne parlerais pas de l'évangile d'aujourd'hui, mais comment s'en empêcher ?Dans ce chapitre 15ème de Luc nous voyons Dieu qui est bon au point d'en être "poire". Le portrait des deux fils, qui représentent toute l'humanité, n'est pas très glorieux pour nous ! Ce tableau nous ramène, s'il en était besoin, à la modestie de notre condition, en faisant voir chez les humains un coeur souvent étriqué.Tandis que le coeur de Dieu est immense, au point de ne plus voir le péché. Quand le "p'tit jeune" récite sa leçon apprise par coeur en route : "mon père j'ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d'être appelé ton fils"... le Père ne l'écoute pas. Et même s'il l'écoutait, il ne saurait pas ce que ça veut dire. Par rapport à l'amour fou de Dieu pour sa chétive créature, le péché est un pays lointain, vraiment très éloigné. Le texte le précise plusieurs fois, et ce n'est pas en premier un éloignement géographique. Et même Dieu n'imagine pas ce que ça peut être, le péché. Sauf bien sûr que sur la croix il a dû s'apercevoir que la facture était salée, et saignante.La race humaine, quelquefois, elle ne vaut pas très cher, l'évangile d'aujourd'hui nous le redit, mais Dieu l'a aimée d'un amour fou. Non la vie n'est pas absurde, puisque nous sommes aimés à ce point, à la folie.Au diable les idoles de pacotille, vive notre Dieu, Lui qui est bon comme une poire.

AMEN.

Complément : la première lecture de ce dimanche :

''Yahvé dit alors à Moïse: "Allons! descends, car ton peuple que tu as fait monter du pays d'Egypte s'est perverti. Ils n'ont pas tardé à s'écarter de la voie que je leur avais prescrite. Ils se sont fabriqué un veau en métal fondu, et se sont prosternés devant lui. Ils lui ont offert des sacrifices et ils ont dit: Voici ton Dieu, Israël, qui t'a fait monter du pays d'Egypte." Yahvé dit à Moïse: "J'ai vu ce peuple: c'est un peuple à la nuque raide. Maintenant laisse-moi, ma colère va s'enflammer contre eux et je les exterminerai; mais de toi je ferai une grande nation." Moïse s'efforça d'apaiser Yahvé son Dieu et dit: "Pourquoi, Yahvé, ta colère s'enflammerait-elle contre ton peuple que tu as fait sortir d'Egypte par ta grande force et ta main puissante? Pourquoi les Egyptiens diraient-ils: C'est par méchanceté qu'il les a fait sortir, pour les faire périr dans les montagnes et les exterminer de la face de la terre? Reviens de ta colère ardente et renonce au mal que tuvoulais faire à ton peuple. Souviens-toi de tes serviteurs Abraham, Isaac et Israël, à qui tu as juré par toi-même et à qui tu as dit: Je multiplierai votre postérité comme les étoiles du ciel, et tout ce pays dont je vous ai parlé, je le donnerai à vos descendants et il sera leur héritage à jamais." Et Yahvé renonça à faire le mal dont il avait menacé son peuple.

(Exode 32, 7-14)''