Amos 6, 1a, 4-7

Nous retrouvons aujourd'hui le prophète Amos, le berger hirsute de Téqoa, le héraut de la justice. Amos, se souvenant du temps où, sur les pistes du Sinaï, le peuple de Dieu vivait une authentique vie de pauvreté et de liberté, Amos ne peut accepter cette escalade dans laquelle s'est lancée la nouvelle société, société de consommation, dans les royaumes de Jérusalem et de Samarie. Le schisme à l'intérieur du peuple élu, n'est-il pas déjà un scandale ? Mais quel scandale encore plus grand que cette recherche effrénée du confort au prix de tant de violences et d'injustices ! La jouissance des uns ne se procure que par l'oppression et l'exploitation des autres. L'abîme se creuse chaque jour un peu plus entre les riches et les pauvres, alors que naguère ils partageaient sous la tente les mêmes biens, les mêmes risques, les mêmes joies.
La richesse devrait augmenter le bien-être général. Hélas, elle ne fait qu'aviver l'égoïsme des possédants.
Amos voit les signes de richesse qui s'accumulent. On festoie, on boit, on ripaille, on se vautre sur des divans aux incrustations d'ivoire. C'est trop. Le prophète n'en peut plus parce que Dieu en a assez. La voix du prophète s'élève, terrible, justicière, au milieu de cette corruption pour flétrir ces intolérables violations du droit. Et il entend, venant de l'Assyrie, les chevaliers de l'apocalypse qui vengeront la justice à tel point bafouée.

Le prophète Amos exerçait ses talents, vigoureux, environ 700 ans avant Jésus-Christ. Frédérico Fellini, grand cinéaste italien, a créé le film mémorable : "La dolce vita" en 1960.
Fellini, dans ce film, a dénoncé les commencements de la société pornographique dans laquelle nous barbotons actuellement. Il l'a fait avec un grand prestige, en marquant des points.
Ne voilà-t-il pas que ce titre "La dolce vita" est repris, actuellement,  par Gaz de France pour vanter les mérites de son combustible, en changeant complètement la signification de l'expression. A l'origine, le titre du film, était, à juste titre, péjoratif, il dénonçait un état d'esprit libidineux.
50 ans après, on retourne les choses, le mal est reconverti en bien, même le péjoratif est récupéré et recyclé dans la société de consommation triomphante. Je gage en effet, que les braves gens qui se chauffent au gaz trouveront que cette "vie en douceur" est tout à fait innocente.
Le pauvre Amos n'aurait pas imaginé un tel retournement. Nous autres chrétiens, ne soyons pas dupes, ne soyons pas des fils de pub.

Amen.